« En fait, le glanage est une pratique assez plaisante »

PAROLES D'ETUDIANT∙E∙S - Gayané est une étudiante de 23 ans en tourisme à la HEG de Sierre. Son témoignage met en lumière la pratique du « glanage alimentaire » jusqu’ici peu connu.

Comment as-tu entendu parler du glanage ?

J’en ai entendu parler en scrollant sur Instagram. Je suis abonnée à des comptes de cuisine et de récupérations. Mon algorithme m’a proposé une page “renard et raisin”, qui présente chaque semaine des informations sur le glanage en France. Ma meilleure amie m’a dit qu’elle avait des amis à Genève qui pratiquent régulièrement le glanage. Un samedi soir, elle m’a proposé d’aller faire « une tournée » à Genève. Nous sommes donc allées inspecter les conteneurs de Denner. J’aurais pu être gênée de faire les poubelles mais au contraire, j’étais excitée à l’idée de récupérer de la nourriture. 

Pourquoi pratiques-tu le glanage et quelles sont les raisons qui t’ont poussée à faire ça ?

Ça me dérange de payer des aliments alors que je sais qu’ils finiront à la poubelle dans 20 minutes. Je peux économiser de l’argent et je pense aussi à l’écologie.  Je suis une étudiante et j’apprécie cuisiner. Une grande partie de mon budget part dans la nourriture. Je veux acheter des bons aliments mais c’est cher ! Donc pouvoir récupérer « quelques trucs » soulage un peu le porte-monnaie. Je pense que même si j’avais actuellement les moyens, je continuerais de faire du glanage car c’est une pratique assez plaisante !

Est-ce que tu as une anecdote qui t’a marquée ?

Parfois, il faut du temps avant de trouver un conteneur. Le premier soir, après avoir longtemps cherché, on en a finalement trouvé un, et j’y suis allée franchement sans trop réfléchir. En fouillant, je me suis ouvert la main avec une bouteille de verre cassée et je me suis fait une belle entaille ! A côté, il y avait 7 bouquets de fleurs. J’ai alors décidé d’en prendre un et de laisser sécher les fleurs. Aujourd’hui, je l’ai toujours à la maison. Quand je le regarde, ça me rappelle ma première expérience et me fait sourire.

Est-ce que tu as déjà été confrontée à l’autorité publique ?

Non. En Suisse, si la police nous voit faire du glanage, ils nous demandent juste de circuler. Mais, ils peuvent nous amender en cas de dégradation de la voie publique. Évidemment, je coopérerais si la police me demandait de partir. Toutefois, j’en profiterais quand même pour leur expliquer que pour moi la nourriture ne devrait pas être jetée de la sorte et que cette confrontation ne m’empêcherait pas de recommencer ! 

Maude Girod, Lucia Landert und Manon Convers