One Loop : recycler des vieux linges en nouveau fil

Victor Salavdori, Gabriel Orlando et Lucas Perrenoud, trois étudiants en 2ème année de la Business Team Academy, ont décidé de contribuer à résoudre le problème du gaspillage de textile en créant One Loop, un projet qui vise à recycler les linges industriels (serviettes de bain des hôtels notamment) en fil recyclé pour créer de nouvelles serviettes et vêtements. Aussi, ils réalisent actuellement une collecte de fonds par le biais d’une cagnotte participative qui se terminera le 30 juin. Au cours d’une interview enregistrée et disponible en fichier audio dans notre article ci-dessous, ils nous ont parlé de One Loop, du gaspillage et du recyclage du textile en Suisse, et nous livrent leur vision sur la manière qu’ils ont choisi d’avoir un impact positif sur notre planète.
Lucas Perrenoud (L. P.) : « Chaque année, dans le cadre de la Business Team Academy, nous devons faire un voyage apprenant qui doit nous confronter à la scène internationale du commerce où nous rencontrons des entreprises et des acteurs importants. Cette année, nous avons eu la chance de partir à Barcelone. C’est à cette occasion que j’ai rencontré un entrepreneur actif dans l’industrie du textile et plus particulièrement dans le recyclage. En échangeant avec lui, j’ai pris conscience que la Suisse avait beaucoup de retard dans ce domaine. Je suis donc rentré en Suisse, deux semaines plus tard, avec une nouvelle idée de projet et l’envie de faire avancer les choses chez nous. »
Gabriel Orlando (G. O.) : « Je ne me rendais pas forcément compte de tout ça avant de faire la Team Academy. Quand il y a des opportunités de projets autour de la durabilité, c’est aussi notre rôle, à la Team Academy, de les réaliser pour avoir un impact. »
L. P. : « J’ai toujours eu le sentiment d’être dans des environnements qui prenaient en compte la durabilité, que ce soit à l’école ou dans ma famille. En arrivant à la HES-SO Valais-Wallis et à la Team Academy, j’ai pris en main mes actions durables que ce soit sur un plan personnel ou professionnel. Je fais les choses de manière beaucoup plus consciente. »
Victor Salavori (V. S.) : « Je vois les opportunités économiques dans le développement de ce type de projet. 23% des entreprises dans le secteur du textile ont investi dernièrement dans des démarches durables. Je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire pour créer une entreprise rentable dans ce domaine-là. »
O. G. : « A la base, nous n’avons pas forcément une profonde pensée écologique et durable. Nous avons pris conscience de l’importance d’intégrer la durabilité dans nos projets afin qu’ils bénéficient d’un intérêt auprès du plus grand nombre. Nous avons été motivés à travailler pour une bonne cause tout en développant nos compétences, et en générant de la valeur durable et économique. »
L. P. : « Nous avons décidé de nous attaquer à quelque chose de facile à cibler comme le recyclage des linges de bains plutôt que de vouloir s’attaquer à quelque chose de beaucoup trop vaste. »
L’équipe préfère donc cibler davantage son action afin de garantir un impact maximum. C’est la raison pour laquelle One Loop se concentre pour le moment sur le recyclage des linges industriels avant de s’attaquer aux vêtements de prêt-à-porter par exemple.
V. S. : « La collecte de textile implique des enjeux liés au stockage et au transport. C’est dans cette optique que nous cherchons à récolter des fonds afin de finaliser nos processus en automne prochain et externaliser la production de fil recyclé dès le printemps 2024. »
O. G. : « Le premier palier est à 7’800 CHF, il nous reste sept jours aujourd’hui (le 23 juin 2023) et notre cagnotte s’élève actuellement à 5'800 CHF. »
Grâce à ces fonds, One Loop pourra donc assurer le stockage et le transport des textiles à recycler afin de confier la production de fil recyclé à un partenaire industriel.
Il vous reste encore quelques jours pour soutenir One Loop. C’est par ici : https://wemakeit.com/projects/oneloop-recycler-des-linges
Pour suivre ou prendre contact avec One Loop :
En Suisse, le gaspillage du textile est un véritable problème : 100'000 tonnes de textiles sont jetées chaque année. Cette quantité pourrait remplir 2'000 piscines olympiques (source : One Loop, 2023).
Le gaspillage des vêtements et du textile en général constitue une véritable catastrophe écologique, ayant des conséquences désastreuses pour l'environnement. Au cours des dernières années, la prise de conscience de la population quant aux ravages engendrés par la fast fashion, qui désigne ces marques produisant des vêtements de piètre qualité dans des pays lointains, à une fréquence effrénée et à des prix très bas, s'est intensifiée.
Des chiffres alarmants confirment l'ampleur de ce phénomène. Selon des études récentes, l'industrie de la mode est responsable d'environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (source : ONU, 2019), soit plus que tous les vols internationaux et le transport maritime combinés (source : Oxfam, 2019). De plus, on estime que la production d'un seul t-shirt nécessite environ 2 700 litres d'eau, soit la quantité d'eau potable qu'une personne boit en l'espace de 2 ans (source : Parlement européen, 2023). Ces statistiques mettent en évidence l'empreinte carbone énorme et la consommation excessive de ressources naturelles induites par l'industrie textile.
De nombreux vêtements, même lorsqu'ils sont déposés dans des conteneurs de recyclage, finissent par se retrouver échoués sur les plages d'Afrique, contribuant ainsi à une pollution persistante. Cette pollution textile a un impact dévastateur sur les écosystèmes marins et menace la biodiversité aquatique.
Face à cette situation préoccupante, il devient crucial de sensibiliser la société sur les conséquences néfastes de la fast fashion et d'encourager des pratiques plus durables dans l'industrie textile. Des alternatives existent, comme l'achat de vêtements de seconde main, la promotion de la mode éthique et responsable, ainsi que la réparation et le recyclage des vêtements existants.