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Tuesday 07 May 2024 11:49

Au coeur des enjeux sociaux contemporains, l'institut Travail social (ITS) se positionne comme un acteur clé dans la recherche et l'intervention sociale en Valais. En tant que coordinateur des activités de recherche de la Haute Ecole et Ecole Supérieure de Travail Social, l'ITS s'attache à explorer les multiples facettes de cette discipline dans un monde en perpétuelle évolution. Marion Repetti, responsable de l'institut, nous éclaire sur les axes majeurs de recherche, notamment l'inclusion sociale et le développement durable.

Quelles sont les principales thématiques sociales aujourd’hui en Valais et en Suisse ?

Depuis quelques années, l’inclusion devient un thème important. Intrinsèquement lié au travail social, il englobe notamment les questions comme le sexisme, les discriminations liées au handicap, mais pas uniquement. En Suisse par exemple, les autorités ont reconnu qu’il y avait un problème systémique avec le racisme. À travers une interprétation large de l’inclusion, toute personne doit pouvoir trouver une place. Ensuite, une deuxième thématique se retrouve régulièrement au centre des discussions : le développement durable.

Comment le travail social aborde-t-il les questions environnementales ?

Nous étudions comment la société est touchée par la crise écologique et de quelle manière accompagner et promouvoir les objectifs du développement durable (ODD). Les questions sociales sont fortement liées aux enjeux environnementaux, car les premières personnes touchées sont souvent les plus vulnérables socialement. 

Ces questions ont pu être abordées notamment grâce à la volonté de la HES-SO Valais-Wallis de favoriser l’interdisciplinarité et également, depuis quelques années, par le travail et la mobilisation de nos équipes qui intègrent de plus en plus cette question dans leurs projets de recherche.

L’institut Travail social s’est fortement développé depuis quelques années. Pourquoi ? 

Il s’agit d’une dynamique positive au sein des équipes qui ont obtenu de nombreux projets sur concours. Cela permet de renforcer la recherche par des enquêtes qui touchent à une grande variété de thèmes du travail social et aux questions sociales qui s’y rattachent, en Valais et au-delà. Il est important de pouvoir soutenir au mieux cette dynamique qui demande non seulement des compétences scientifiques, mais aussi une large connaissance du champ du travail social et une certaine audace.

Le nouveau projet Valreso n’a-t-il pas cet objectif-là ? 

Cela y contribue. Il s’agit d’un réseau qui rapproche les acteurs et actrices valaisannes du travail social : politique, enseignement, recherche, travail de terrain et, évidemment, les différents publics. L’idée première est de favoriser la circulation de l’information chez toutes et tous.

Une de vos équipes a lancé un projet sur l’impact que la langue maternelle peut avoir sur nos perceptions sociales du travail social. Quelles sont les conséquences concrètes de ces différences de perception ?

Ce projet de recherche est intéressant, car malgré un programme d’études commun et un même plan d'études cadre (PEC), la perception de la profession et la définition du travail social peuvent varier significativement en fonction de notre région linguistique. Cette disparité soulève un enjeu culturel majeur quant à l’identité professionnelle et à la compréhension du métier. 

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs et chercheuses examinent la perception qu’ont nos étudiantes et étudiants francophones et germanophones du travail social pour mieux appréhender ces différences. Bien que le projet ait débuté cette année, il s'annonce utile pour favoriser une meilleure compréhension de la manière dont le travail social est conçu en Suisse romande et en Suisse alémanique. Il peut également offrir un éclairage précieux sur les enjeux politiques suisses, notamment en ce qui concerne le rapport à l'Etat. En effet, les questions de politiques sociales représentent l'un des clivages les plus marquants entre les régions linguistiques du pays.

Vous vous intéressez également aux populations âgées vivant en montagne. Pourquoi est-il important d’en parler ?

Les personnes expriment souvent le désir de vieillir à domicile, malgré les défis que cela implique, en particulier pour les populations très âgées des villages du Valais situés en altitude. Malgré ces difficultés, elles continuent de s’y sentir bien. Ce projet de recherche offre une compréhension approfondie des besoins spécifiques de ces personnes résidant dans les vallées latérales. En outre, il met en lumière le rôle crucial des bénévoles, des proches aidants et du voisinage dans le maintien de cette cohésion sociale. 

Cependant, le déclin du bénévolat constitue une menace pour cette solidarité, mettant en évidence une fragilité dans le système actuel. Cette situation soulève également des préoccupations en termes de justice sociale, car ce sont régulièrement les femmes qui assument ces rôles de soutien de manière bien souvent invisible. 

Il devient impératif de recueillir des informations sur les conditions de vie actuelles de ces personnes âgées et d'explorer des stratégies de pérennisation des soutiens actuels, étant donné la fragilité du bénévolat. Les résultats de cette recherche peuvent ensuite alimenter le débat et guider les politiques publiques, dépassant ainsi le cadre de notre haute école pour toucher la société dans son ensemble.